Cyberharcèlement - Comment (ré)agir ?
Si malgré tes efforts de prévention contre le cyberharcèlement tu es quand même confronté à la propagation de rumeurs, de photos
et de vidéos embarrassantes, de moqueries et d’insultes sur les réseaux
sociaux, des sites web, par SMS ou par chat, de manière « intentionnelle et
répétitive » avec « un déséquilibre de rapports de forces entre l’auteur et la victime », alors il est temps de
réagir !
Ma place d’animateur
Oui, mais comment ? En tant qu’animateur, tu as une responsabilité
légale si tu es mis au courant de faits de cyberharcèlement. Comme c’est un
délit punissable par la loi, les parents de la victime pourraient se retourner
contre toi si tu ne prends pas la situation en main. Pas de panique pour autant !
C’est un problème sensible et les conseils que nous
te
proposons sont tirés en partie d’un outil
pédagogique « Ce qui vous regarde… No
Hate » de l’asbl Loupiotte[1] afin de l’aborder dans
toute sa complexité.
Si tu es une personne témoin de cyberharcèlement
· Garde un seuil de tolérance bas face à des propos de haine : pour éviter
de basculer dans un rôle de « spectacteur »
qui renforce la position du harceleur dans son rôle dominateur.
· Signale les abus : via l’adresse email ou le bouton prévu à
cet effet. Les plateformes
et les fournisseurs d’accès à internet enverront au minimum un avertissement qui
brise le sentiment d’impunité des auteurs. Tu leur permets ainsi de prendre
conscience de l’aspect problématique, voire illégal de leurs actes.
· Exprime ton désaccord : via un
commentaire « Je ne suis pas d’accord avec toi. » ou « As-tu conscience que tes
propos pourraient être interprétés comme blessant, dangereux, racistes,
sexistes, homophobes… ? ». Cela peut suffire pour faire prendre conscience de
la gravité de la situation.
· Garde des preuves : Fais des captures
d’écran de ce qui te semble suspect. Ces éléments peuvent être utiles pour
mener à une prise de conscience des auteurs, de leurs parents ou dans des cas les plus extrêmes pour des autorités judiciaires ou légales.
Si tu es face à une personne victime de cyberharcèlement
· Si tu connais la victime : montre-lui
qu’elle n’est pas seule, que tu es témoin et que tu la soutiens. Parle-lui afin
de l’aider à trouver une solution.
· Encourage-la à chercher de l’aide auprès de personnes
compétentes : on ne
te demande pas d’être un spécialiste en la matière. Si tu te sens dépassé par
la situation, c’est qu’une aide extérieure est nécessaire.
· Encourage-la à garder des preuves et à signaler les abus.
· Encourage-la à prendre du recul et à ne pas surenchérir : évitons l’escalade !
Une réaction haineuse ne fera qu’alimenter le processus qui est précisément ce qu’il
te faut désamorcer.
· Parles-en à des personnes de confiance : il est
important que tu ne gardes pas ces informations pour toi. En parlant de cette
problématique, tu augmenteras tes chances de résoudre le problème avec nuance.
· Dans les cas les extrêmes : Encourage-la à contacter les autorités et à déposer plainte.
Si tu es face à une personne auteur de cyberharcèlement
- Fais-lui prendre conscience du caractère problématique de ses actes : il est possible que cette personne ne se rende même pas compte qu’elle est en position d’agresseur ou de la gravité de ce qu’elle fait.
- Conscientise-la aux conséquences possibles de ses actes : en lui demandant d’imaginer comment elle vivrait la situation si elle était à la place de la victime, en lui demandant si elle oserait tenir ce genre de propos en face de la personne, en l’avertissant des sanctions pénales existantes…
- Organise une médiation : en ayant recours à la CNV (Communication Non Violente) et aux techniques de gestion de conflit , tu lui permettras d’être confrontée à la manière dont la victime a perçu la situation, à développer de l’empathie et, dans le meilleur des cas, à vouloir réparer la situation.
- Définis des sanctions appropriées : en fonction de la situation et de l’efficacité des solutions précédentes, définis des sanctions qui lui permettent de prendre conscience, de s’excuser et de réparer la situation autant que possible.
Si tu es face aux parents de la victime
- Montre ton intérêt et ta prise de conscience de la situation : Ne minimise pas les faits ! Ce qui compte, ce n’est pas tant les actes posés, mais bien la manière dont leur enfant les vit.
- Sois compréhensif : les parents ressentiront très certainement de la colère vis-à-vis des auteurs et c’est tout à fait légitime. N’hésite pas à nommer cette émotion et à reconnaître sa légitimité. Fais le nécessaire pour éviter une confrontation directe entre eux et les auteurs des faits.
- Réaffirme l’axe « grandir ensemble » : seulement après avoir passé ces 2 premières étapes, rappelle aux parents que ton action se veut éducative et que tu cherches à désamorcer et réparer un processus, et non pas à venger quelqu’un. Inspire-toi des outils « No Blame » et de la méthode « Pikas ».
- Décris en détail ton action : les parents ont besoin d’entendre ce que tu mets en place pour réparer la situation étape par étape. Répète-leur aussi les conseils prévus pour les personnes victimes.
Si tu es face aux parents des auteurs
- Fais-leur prendre conscience du caractère problématique des actes de leur enfant : il est possible que certains parents minimisent la responsabilité de leur enfant. C’est tout à fait compréhensible. Décris les actes en détail et si nécessaire, utilise les preuves que tu as pu collecter. N’hésite pas à décrire l’impact émotionnel sur la victime.
- Évite toute culpabilisation : les parents ont besoin de sentir que tu ne veux pas faire de leur enfant un exemple.
- Rappelle les responsabilités de chacun : décris ta responsabilité civile en tant qu’animateur (le fait que tu ne peux cautionner ce genre de phénomène) et si leur enfant est mineur, précise que leur responsabilité civile peut être engagée devant la justice.
- Décris en détail ton action : Les parents des auteurs ont aussi besoin d’entendre ce que tu mets en place pour permettre à leur enfant prendre conscience et de réparer la situation étape par étape.
[1] « Ce qui vous regarde… Un outil pédagogique contre le discours de haine en ligne et le cyber-harcèlement », Loupiotte asbl, septembre 2016.